Variations sur un Printemps intérieur
1-
L’air de rien les oiseaux
méditent un poème aérien
ponctué de flèches noires
à l’aplomb des cerisiers
Nos mots suivent un cours plus lent
sinuant autour de la nappe
en paroles esquissées
dans la trame du jour
Comme nous peinons
à préciser les contours d’une forme
de nos bouches pataudes
Si loin du chant tissé avec les fleurs
polyphonie suave
qui s’invite un instant à la table du ciel
Conversation des oiseaux
2-
Hirondelles sur les pointes d’avril
dans le jour effilé
voix claires du printemps
sèment à la volée
aux clairières du ciel
couronnes de rose et blanc
le matin sur le seuil du verger
veille les rosiers de Damas
la promesse d’éclore
dans le passage du temps
3-
Soudain la voie lactée
essaimée dans le champ
déploie son horizon
tandis que nous montons
vers la voûte renversée
dans la coupe des marguerites
désaltérant nos yeux
de leur humble beauté
Pour Lydie
4-
Sous l’arche du cerisier
la parole ancienne s’invente
par nos bouches recueillies
revenus de tous les effondrements
nous assurons notre prise
dans les fleurs des pommiers
en ce jardin-refuge
la terre veut bien encore
nous accueillir dans sa douceur
Vendredi des ténèbres
5-
Comme pour un autre repas
festif cette fois nous partageons
le pain la parole le vin
étonnamment silencieux
silhouettes à peine
sous l’arbre à contre-jour
traversées de pétales et d’oiseaux
– perpetuum mobile
de la vie irréductible
en ce jardin
nos ombres à l’écart ne pèsent pas
à Charlotte et Bruno
18-21 avril 2019
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