Dans les chambres les habits par terre

font des tapis de feuilles

ils gardent dans leurs plis

les odeurs du jour

sueur bière ou cigarette

poussières et fumées grasses de la ville

pas pressés sur les trottoirs

ils laissent respirer les corps

ils se serrent l’un contre l’autre

se baignent dans la lumière des origines

parfois ils se caressent

cela fait une musique très particulière et très intime

ils n’entendent pas les clameurs

de la nuit tout autour

la porte est close

leur tête enfouie sous les bras repliés

dans les draps tièdes

ils ne voient pas

les faux pères Noëls qui ouvrent de grands yeux

dans leurs costumes rouges

la fête qui se glace

d’autres draps dehors

des vêtements qui suintent sur des civières

d’autres corps qui sentent

sang et cendre

Nizza Berlin Alep Jerusalem

toujours de nouveaux noms

hachent la carte de leurs lettres maculées

ce ne sont plus des noms de catalogues

des destinations pour voyages de noces

juste des marchés défoncés par des voitures folles

maintenant ils gémissent dans leurs rêves

qui peut dire si c’est de plaisir

Aux morts de l’année

22 décembre 2016

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