L’Iliade
Vendredi 16 septembre 2016 19h- Samedi 17 septembre 2016 8h
« Dans un monde où beaucoup de peuples se déchirent, où l’homme a perdu tout le sens du mot frère, alors que je pensais que cela ne se pouvait plus, les guerres continuent, et après toutes ces colères et toutes ces tempêtes, il faudrait bien un jour que tous ces vents s’apaisent. » (Les vents sont tombés, traduit de l’arménien par Lévon Minassian)
C’est au son du doudouk de Léon Minassian que les sept diseuses et diseurs ont fait leur entrée à 19h au « Rocher des Polémiques ». Et, toute la nuit, en des lieux divers, le public a écouté les vers d’Homère dans la traduction de Philippe Brunel (livre de poche, édition 2010). Le piano de Clémence Ferrari a ponctué cette traversée avec des nocturnes de Tristan-Patrice Challulau, Pamela Chu et Gabriel Fauré.
À la fin de la nuit, restait une dizaine de valeureux pour assister à la dispersion des cendres de Patrocle, face au soleil levant sur la mer… Huit heures sonnaient au clocher de l’église d’Hyères. Et le son de ces huit coups qui montaient vers nous fut le point d’orgue de notre silence.
Difficile de décrire une telle expérience. Une nuit de lecture, un défi à la fois pour les diseurs et pour les auditeurs, une nuit à partager les angoisses de la guerre, à rêver sur le fil de la poésie, à rire des petites histoires des hommes et des dieux, à sentir tout son corps traversé par des mots sans âge.
« Qui des dieux… » ourdit cette ruse ? Ce fut d’abord une idée un peu folle germée dans une conversation amicale, puis sa méditation et son accomplissement. Gilles Desnots en a été le maître d’œuvre : coordonner les parcours de lecture, les coupes nécessaires pour tenir dans la durée impartie, imaginer une scénographie et une déambulation qui nous a amenés du « Rocher des polémiques » aux remparts du château d’Hyères. Car il s’agissait de garder notre public à l’écoute ! Je salue ici la qualité de cette écoute qui nous a portés, nous permettant de donner le meilleur de nous-mêmes et de ne pas céder au Somme suave !
Le texte homérique est indéniablement un grand texte, de ceux qui nous rendent plus forts et plus beaux, pareils aux dieux…