Patrocle désarmé voyant sa mort de face

La lance de bronze plantée au bas du ventre

Vibre longtemps et soudain modifie

La qualité de l’air – lui donne

Son poids de cendres

Que rêvent les guerriers

Quand la nuit dénoue leurs muscles

Quel nectar d’oubli ?

De quoi rêvent les corps

Des hommes tombés dans la poussière ?

Avec le soir leurs ombres s’allongent

Regardent au loin trembler

Les feux des vivants

Course arrêtée

Dans le corridor étroit

Nus à nouveau

Nourrissons de la mort

Des millions de morts

Des millions de fois la vision

Le flot qui fuse d’une gorge tranchée

Ce regard obscurci

Cette chair pourrissante

Joues griffées par les ongles carmin

Leurs joues couleur d’aurore

Sanglantes dans le cri

Leurs corps aux robes profondes

Jetés en travers de la mort

Incapables de soulever ce poids du deuil

Ô le coulis du vent

Sur les visages tenus dans leurs paumes

Quand il y avait encore des hommes

Maintenant des tombeaux dérivant sur la mer

Oraison chantée pour ceux-là

Descendus au silence des eaux

4 décembre 2016

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